ENDOMÉTRIOSE (1)

DE QUOI S’AGIT-IL ? COMMENT L’IDENTIFIER ? QUELLES CONSÉQUENCES ?

Dr Claude Allouche, gynécologue
Ahuza Clinic, Raanana
058 726 02 64

                                                    Endometriose ia 1

  • DE QUOI S’AGIT-IL ?
  • L’endométriose, appelée endometriosis en hébreu (אנדומטריוסיס), est une maladie gynécologique bénigne mais fréquente.
  • Elle concerne 10 à 15 % des femmes en âge de procréer, soit 180 millions de femmes dans le monde !
  • Cette maladie se caractérise par le développement, en dehors de l’utérus, de tissus semblables à celui de la muqueuse utérine, également appelée endomètre ou ririt en hébreu (רירית), provoquant ainsi des lésions.
  • Ces lésions touchent le plus souvent les organes du petit bassin et apparaissent sous l’effet de plusieurs facteurs favorisants. L’origine de l’endométriose n’est aujourd’hui que partiellement connue, mais plusieurs hypothèses sont évoquées :

Hypothèses sur l’origine de l’endométriose :

  1. Évacuation rétrograde : L’évacuation des cellules de l’endomètre, habituellement éliminées par le vagin sous forme de règles, se ferait parfois via les trompes, entraînant un écoulement dans l’abdomen. Les cellules endométriales disséminées s’implantent alors sur des organes d’où elles ne peuvent s’évacuer au moment des règles.

  2. Mutation des cellules péritonéales : Certaines cellules souches issues du péritoine (la paroi tapissant l’abdomen) pourraient muter en cellules de type identique à celui de l’endomètre.

  3. Dysfonctionnement immunitaire : Un dysfonctionnement des globules blancs dans la gestion des cellules de l’endomètre pendant les règles est également évoqué.

  4. Interventions chirurgicales : La réalisation de gestes chirurgicaux touchant à l’endomètre, comme les curetages ou les césariennes, est aussi une hypothèse plausible.

Zones les plus fréquemment atteintes par l’endométriose :

 

  • Organes génitaux internes :

    • Ovaires
    • Regles douloureuses
    • Trompes
    • Ligaments de l’utérus
    • Paramètres (tissus entourant l’utérus)
  • Cul-de-sac de Douglas (espace entre l'utérus et le rectum)

  • Appareil digestif :

    • Cloison recto-vaginale
    • Rectum
    • Côlon
  • Appareil urinaire :

    • Principalement la vessie

 

ENDOMÉTRIOSE (2) : COMMENT L’IDENTIFIER ?

                                     

L’endométriose est une maladie gynécologique bénigne mais fréquente.

Mais comment l’identifier ? Quels en sont les symptômes ?

Endometriose ia 2

1. Douleur

  • Le premier symptôme de l’endométriose est la douleur, qui est souvent cyclique, c'est-à-dire en lien avec le cycle menstruel.
  • Ces douleurs proviennent du sang qui s’accumule dans les cellules endométriales migrées vers d’autres parties du corps, où elles ne peuvent pas être évacuées, provoquant la formation de kystes.
  • Les douleurs surviennent principalement pendant les règles, où elles peuvent devenir si intenses qu’elles ne sont plus soulagées par les antalgiques habituels (antispasmodiques, paracétamol).
  • Attention, toutes les femmes ayant des règles douloureuses n’ont pas nécessairement une endométriose. Une endométriose est suspectée si les douleurs sont si intenses qu’elles altèrent la vie sociale (par exemple, la nécessité de rester alitée ou l’impossibilité de se rendre au travail ou à l’école).
  • Si elles ne sont pas traitées, ces douleurs peuvent devenir chroniques et ne plus être rythmées par les cycles.

2. Dyspareunie (Douleurs pendant les rapports sexuels)

  • Les douleurs pendant les rapports sexuels peuvent aussi être un symptôme de l’endométriose, mais là encore, toutes les femmes présentant une dyspareunie n’ont pas forcément cette condition.ENDOMETRIOSE (2) : COMMENT L’IDENTIFIER?

3. Ménorragies

  • Des règles anormalement abondantes, parfois accompagnées de caillots.

4. Métrorragies

  • Saignements vaginaux survenant entre les règles, souvent évocateurs d'une adénomyose (endométriose au niveau du myomètre utérin).

5. Troubles du transit

  • Diarrhée ou constipation, principalement au moment des règles.

6. Troubles urinaires

  • Difficulté à uriner (dysurie), mictions fréquentes (pollakiurie), ou présence de sang dans les urines (hématurie).

7. Rectorragies

  • Saignements par le rectum.Douleur

8. Infertilité

  • L’endométriose peut aussi être découverte lors de l’exploration d’une infertilité.

9. Asymptomatique

  • Il arrive parfois que des lésions d’endométriose soient découvertes de manière fortuite, sans symptômes, lors d’interventions chirurgicales réalisées pour d’autres raisons.

Diagnostic

  • Il n’existe pas de dépistage systématique de l’endométriose, mais un diagnostic précoce est essentiel.
  • Le diagnostic est souvent difficile car les symptômes ne sont pas spécifiques à l’endométriose. Le retard moyen de diagnostic est de 7 ans.

 

  • L’échographie transrectale ou transvaginale, le scanner, ou l’IRM peuvent être utiles pour identifier les lésions, mais la chirurgie reste le meilleur moyen de confirmer le diagnostic.

 

  • Le diagnostic est principalement clinique, basé sur l’interrogatoire, l’histoire de la patiente et l’examen clinique.
  • Dès qu’un diagnostic d’endométriose est suspecté, une prise en charge doit être initiée sans attendre d'autres examens.

 

  • Dans certains cas précis, une échographie transvaginale peut aider au diagnostic d’adénomyose, et une échographie transrectale peut permettre de détecter un nodule de la cloison recto-vaginale.

 

  • Le scanner pelvien, bien que moins utile que l’échographie, peut être nécessaire lorsque l’échographie est difficile à réaliser (par exemple, chez une patiente obèse ou vierge).

 

  • L’IRM pelvienne est un examen plus détaillé qui peut détecter des lésions non visibles au scanner ou à l’échographie, mais il n’est pas systématiquement nécessaire.
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  • La laparoscopie, bien que confirmant le diagnostic, est une intervention chirurgicale réservée aux patientes résistantes au traitement médical initial ou atteintes de lésions d’endométriose profonde nécessitant une exérèse chirurgicale.

 

ENDOMÉTRIOSE (3) : QUELLES CONSÉQUENCES ?

L’endométriose est une maladie gynécologique bénigne mais fréquente, touchant 10 à 15 % des femmes en âge de procréer.

Mais quelles sont les conséquences de cette maladie ? Endometriose ia 3

1/ À Court et Moyen Terme

  1. Vie personnelle :

    • Souffrance physique : Les douleurs répétitives ou chroniques liées à l’endométriose entraînent une souffrance physique significative.
    • Souffrance psychologique : La douleur constante peut aussi avoir des effets psychologiques, augmentant le stress et l’anxiété.
  2. Vie sociale :

    • Absentéisme : Les douleurs et autres symptômes peuvent entraîner un absentéisme fréquent au travail, à l’école, au collège, au lycée, ou à l’université, affectant la qualité de vie et les performances professionnelles ou académiques.
  3. Vie intime :

    • Dyspareunie : Les douleurs pendant les rapports sexuels peuvent conduire à une appréhension et à une réduction de la fréquence des rapports, affectant la vie de couple.

2/ À Long Terme

  1. Infertilité :

    • Augmentation du risque d’infertilité : L’endométriose peut conduire à une infertilité par divers mécanismes tels que les adhérences, l'inflammation, ou des difficultés d’implantation de l’embryon.
    • Statistiques : Parmi les couples infertiles, 20 % à 50 % des cas sont liés à l’endométriose.
    • Nuance importante : Cependant, toutes les femmes atteintes d’endométriose ne deviennent pas infertiles. Beaucoup d’entre elles parviennent à concevoir sans assistance.
  2. Conseils pratiques :

    • Grossesse : Il est souvent recommandé aux patientes atteintes d’endométriose de ne pas trop retarder la mise en route de la grossesse lorsqu’elles le désirent, car il est difficile de prédire quand les lésions pourraient devenir plus résistantes aux traitements.

L'endométriose a des répercussions à divers niveaux, affectant non seulement la santé physique mais aussi la vie sociale et intime des femmes. Un diagnostic précoce et une gestion adaptée de la maladie sont essentiels pour minimiser ces conséquences.