Ménopause (3)
Le Traitement Hormonal de la Ménopause (THM) : Bénéfices/Risques
Le Traitement Hormonal de la Ménopause (THM) : Quelle Durée ?
Quel Suivi pour les Femmes Ménopausées ?
Au Final, Traitement Hormonal ou Non ?
Dr Claude Allouche, gynécologue, Ahuza Clinic, Raanana, 058 726 02 64
Le Traitement Hormonal de la Ménopause (THM) : Bénéfices/Risques
1. Bénéfices du THM :
Le THM a démontré son efficacité dans plusieurs domaines importants pour les femmes ménopausées :
- Correction des symptômes ménopausiques : Le THM est efficace pour réduire les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, les troubles du sommeil, et autres symptômes gênants associés à la ménopause.
- Prévention de l'atrophie vaginale : Le THM aide à prévenir la sécheresse vaginale et d'autres symptômes du syndrome génito-urinaire de la ménopause.
- Prévention de la perte osseuse post-ménopausique et des fractures ostéoporotiques : Il s'agit du seul traitement ayant prouvé son efficacité pour réduire de manière significative le nombre de fractures chez les femmes de 50 à 60 ans. Cependant, l’incidence de ces fractures en début de ménopause est faible.
- Réduction du risque de cancer du côlon : Certaines études, comme l'étude WHI, ont montré une diminution du risque de cancer du côlon avec le THM, bien que cela n'ait pas été confirmé dans toutes les études.
2. Risques du THM :
Les risques associés au THM varient selon plusieurs facteurs, dont le type de traitement, sa voie d’administration, l'âge, l'ancienneté de la ménopause, et l'état de santé individuel de chaque femme.
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a) Infarctus du myocarde :
- Le THM n'est pas recommandé pour la prévention de l'infarctus du myocarde, particulièrement chez les femmes ayant des lésions d'athérosclérose ou à distance de la ménopause (plus de 10 ans). Toutefois, pris précocement après la ménopause, le THM pourrait avoir un effet protecteur.
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b) Accidents vasculaires cérébraux (AVC) :
- L'étude WHI a montré un sur-risque d'AVC lié au THM, peu importe l'ancienneté de la ménopause. Toutefois, ce risque est très faible chez les femmes de moins de 60 ans. Des données récentes suggèrent que le risque est plus élevé avec les fortes doses d'estrogènes par voie orale, mais pas par voie cutanée.
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c) Maladies thromboemboliques veineuses :
- Le risque de thrombose veineuse profonde et d'embolie pulmonaire est multiplié par 2 à 3 avec les estrogènes par voie orale, surtout durant la première année de traitement. Ce risque est absent lorsque les estrogènes sont administrés par voie cutanée.
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d) Cancers gynécologiques hormonaux dépendants :
- Cancer du sein :
- Le THM augmente légèrement le risque de cancer du sein, mais ce risque se normalise 2 à 5 ans après l'arrêt du traitement. Le risque est plus lié aux progestatifs de synthèse. Il est important de noter que le THM ne cause pas de cancer du sein, mais peut stimuler un cancer microscopique existant.
- Cancer de l'endomètre :
- Les estrogènes seuls augmentent le risque de cancer de l'endomètre. L'ajout de progestérone est donc essentiel pour les femmes avec un utérus intact.
- Cancer de l'ovaire :
- Une légère augmentation du risque de cancer de l'ovaire est associée au THM, évaluée à 1 cas supplémentaire pour 10 000 femmes par année de traitement.
- Cancer du sein :
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e) Autres risques :
- Augmentation des lithiases biliaires, surtout avec les traitements oraux.
- Stimulation de la croissance des fibromes utérins et de l'endométriose.
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f) Saignements anormaux :
- En cas de saignements inhabituels, il est impératif de consulter un médecin pour écarter toute pathologie utérine ou ovarienne.
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g) Prise de poids :
- Contrairement aux idées reçues, le THM ne provoque pas de prise de poids ; il pourrait même aider à limiter la prise de poids liée à la périménopause.
Le Traitement Hormonal de la Ménopause (THM) : Quelle Durée ?
1. Durée de Prise du THM :
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Pas de durée maximale définie : En théorie, il n'y a pas de limite maximale à la durée de prise du THM. Chaque cas est unique et doit être évalué individuellement.
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Recommandations de la HAS en France : Le THM doit être prescrit aussi longtemps que les symptômes persistent, avec un ajustement à la dose minimale efficace. Cette dose peut évoluer au fil du temps selon les besoins de la patiente.
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Réévaluation annuelle : Une réévaluation annuelle de la balance bénéfice/risque est nécessaire, notamment après 5 ans de traitement. Cette réévaluation est importante en raison de l'augmentation possible du risque de cancer du sein après cette période.
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Fenêtre thérapeutique annuelle : Il est recommandé d'envisager une pause annuelle dans le traitement pour évaluer si les symptômes persistent sans traitement. Cette approche permet de décider chaque année si le traitement doit être poursuivi, surtout après 5 ans.
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Prolongation au-delà de 5 ans : De nombreux gynécologues prolongent le THM au-delà de 5 ans en tenant compte de la qualité de vie des patientes, ainsi que des risques liés à l'ostéoporose et à l'athérosclérose.
Quel Suivi pour les Femmes Ménopausées ?
1. Examen Clinique :
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Examen général, gynécologique et mammaire annuel : Il est conseillé de réaliser ces examens régulièrement pour surveiller l'état de santé global et spécifique à la ménopause.
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Antécédents personnels et familiaux : L’entretien doit inclure une évaluation des antécédents médicaux personnels et familiaux, en particulier ceux qui peuvent influencer la prise en charge.
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Symptômes anormaux : Si vous êtes sous THM, il est crucial de surveiller tout symptôme anormal tel que des saignements ou des douleurs mammaires.
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Mesures de poids, taille, et tension artérielle : Ces mesures font partie intégrante du suivi clinique régulier.
2. Dépistage et Examens Complémentaires :
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Frottis cervicaux : Répétition tous les 3 ans.
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Mammographie : Pratiquée tous les 2 ans de 50 à 74 ans. Au-delà de cet âge, le dépistage doit être individualisé en fonction des facteurs de risque personnels.
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Densité minérale osseuse : Mesurée en début de ménopause, surtout si des facteurs de risque sont présents. En cas de capital osseux abaissé, un traitement préventif contre la perte osseuse, comme le THM, peut être envisagé. Une perte significative de taille doit être investiguée pour suspecter des fractures vertébrales.
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Bilan osseux et radiographique : Une mesure de la densité osseuse peut être complétée par une radiographie du rachis de profil ou une morphométrie vertébrale (VFA) si nécessaire.
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Bilan biologique : Pour dépister un diabète ou une hyperlipémie, en début de ménopause, puis en fonction des facteurs de risque et de la prise ou non d’un THM.
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Échographie pelvienne : En cas de signes cliniques ou pour vérifier l'absence de pathologies de l'utérus et des ovaires.
Autres Publications sur le Sujet :
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