Médicaments anti-allaitement (2)
Pourquoi sont-ils déconseillés ? Quelles alternatives ?
Dr Claude Allouche, gynécologue
Ahuza Clinic, Raanana
058 726 02 64
C) Médicaments anti-allaitement (3)
POURQUOI SONT-ILS DÉCONSEILLÉS?
Les médicaments à base de Bromocriptine (Parlodel) ou de cabergoline (Dostinex) agissent sur les circuits nerveux de la Dopamine en inhibant la sécrétion de prolactine.
1] EFFETS SECONDAIRES :
Ces médicaments sont certes très efficaces dans l’inhibition de la lactation, mais ils peuvent être à l’origine d’effets secondaires cardio-vasculaires, neurologiques ou psychiatriques, rares mais graves comme :
- Accident vasculaire cérébral ;
- Infarctus du myocarde ;
- Hypertension artérielle ;
- Convulsions ;
- Hallucinations.
D’autres effets indésirables moins graves mais plus fréquents sont retrouvés :
- nausées, vomissements,
- douleurs abdominales,
- constipation,
- maux de tête,
- étourdissements,
- vertiges,
- fatigue,
- hypotension orthostatique avec ou sans malaises, surtout en début de traitement.
Plus rarement : tension des seins, bouffées de chaleur, dépression, fourmillement des extrémités.
- Le traitement peut également interagir avec les antibiotiques de la famille des macrolides et avec les vasoconstricteurs, notamment ceux dérivés de l'ergot de seigle.
2] REEVALUATION PAR L’ANSM
Ainsi, en 2013 ces effets indésirables ont fait l’objet d’une réévaluation par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM)
Suite à cette réévaluation, l’ANSM a conclu que le rapport bénéfice/risque n’était pas favorable à la prescription d’un traitement médicamenteux systématique pour inhiber la lactation.
En 2014, l’agence européenne du médicament recommande que « La bromocriptine ne doit pas être utilisée de manière systématique pour prévenir ou stopper la lactation »
Les seules situations qui devraient encore justifier un tel traitement pour arrêter la lactation (dites « situations impérieuses ») sont :
- Infection maternelle par le virus HIV ;
- Perte d’un nouveau-né pendant ou après l’accouchement pour éviter un stress supplémentaire ;
- Interruption thérapeutique de grossesse.
3] DOSTINEX : PAS D’AMM
De plus, il faut savoir que la cabergoline (Dostinex) ne détient pas l’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’inhibition de la lactation en post-partum.
La prescription « hors AMM » est légale, mais engage la responsabilité du médecin prescripteur qui devra, s'il y a lieu, prouver avoir respecté les « données acquises de la science » et avoir eu recours à un traitement « reconnu » dans cette indication hors AMM.
Plus qu'à l'ordinaire, le médecin devra s'assurer de l'information éclairée du patient concernant les risques…
4] CONTRE-INDICATIONS
- Hypertension artérielle non équilibrée ;
- Troubles hypertensifs de la grossesse ou du post-partum
- Antécédents de maladie coronaire ou autre antécédent cardiovasculaire grave ;
- Antécédents de troubles psychiatriques sévères.
- allergie aux dérivés de l'ergot de seigle ;
- fibrose (présence de tissu cicatriciel) touchant les poumons, l'abdomen ou le cœur ;
- maladie des valves cardiaques ;
- en association avec les médicaments de la famille des neuroleptiques.
- Leur utilisation est également déconseillée chez les femmes présentant des facteurs de risque vasculaire, comme le tabagisme et l’obésité
5] RECOMMANDATIONS
- La diffusion du rapport de pharmacovigilance de l'Agence Nationale de la Sécurité du Médicament (ANSM), se basant sur la bromocriptine, bouscule les maternités habituées depuis longtemps à prescrire des inhibiteurs de la lactation.
- Dans une société où l'inconfort et la douleur n'ont plus leur place, l'absence de moyens pharmacologiques pour inhiber la lactation donne le sentiment aux professionnels de santé d'être démunis.
- Les dernières recommandations de l’ANSM, du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) et du Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) RECOMMANDENT L’ABSTENTION D’UNE THERAPEUTIQUE MÉDICAMENTEUSE POUR INHIBER LA MONTÉE DE LAIT CHEZ LA FEMME EN POST-PARTUM.
- Aujourd’hui, aucun traitement inhibiteur n’est proposé en systématique chez les patientes ne souhaitant pas allaiter.
- Même si ces dernières ne présentent aucune contre-indication à ces traitements, il est recommandé d’avoir recours à des pratiques autres que médicamenteuses et de prescrire des antalgiques suivant la clinique et la douleur de la patiente.
- C’est pourquoi il a fallu, aux équipes soignantes changer de pratiques et trouver des alternatives.
Mais quelles sont ces alternatives?
D) QUELLES ALTERNATIVES?
Comme nous l’avons vu plus tôt, les sociétés savantes recommandent de ne plus prescrire de médicaments pour stopper la montée laiteuse après un accouchement en raison d’un risque d’effets indésirables graves.
Le rapport de pharmacovigilance de l'Agence Nationale de la Sécurité du Médicament (ANSM), se basant sur la bromocriptine, diffusé en 2014 a ainsi bousculé les maternités habituées depuis longtemps à prescrire des inhibiteurs de la lactation.
Dans une société où l'inconfort et la douleur n'ont plus leur place, l'absence de moyens pharmacologiques pour inhiber la lactation donne le sentiment aux professionnels de santé d'être démunis.
Il faut déjà savoir que lorsqu’une femme n’allaite pas, le processus de la lactation s’arrête spontanément une à deux semaines plus tard ;
Les pratiques concernant l’inhibition de la lactation ont donc dû évoluer et les équipes soignantes se sont tournées vers des alternatives, et vers des pratiques parfois très anciennes, mais quelles sont-elles?
ALTERNATIVES
Nous n’avons pas d’analyse scientifique démontrant l’efficacité de ces alternatives non médicamenteuses. Cependant, ces pratiques empiriques sont souvent utilisées pour soulager la montée de lait.
1] BANDAGE DES SEINS
- Le bandage de la poitrine pendant une semaine de manière continue (jour et nuit), à l’aide d’un soutien-gorge qui comprime fermement la poitrine, tel qu’un soutien-gorge de sport, sans armature.
2] POCHES DE GLACE
L’application de poches de glace froides lorsque les seins sont tendus et chauds. Cela permet de soulager la douleur et d’assouplir le sein
3] CATAPLASME AU CHOU
Appliquer une feuille de chou frisé bien fraîche sur chaque sein lorsque ceux-ci sont chauds, tendus et engorgés.
La feuille de chou peut être mise au préalable au congélateur pour avoir l’effet de froid.
La remplacer quand elle commence à ramollir jusqu’à la disparition de la montée de lait
4] CATAPLASME A L’ARGILE VERTE
Le cataplasme à l’argile verte est réputé pour son action anti-congestive. Cette méthode peut être utilisée à raison d’une ou deux applications par jour pendant une demi-heure environ chez les femmes se plaignant de douleurs d’engorgement.
5] HOMEOPATHIE
Le traitement est à débuter dès la naissance, en salle d’accouchement.
* Pour stopper la montée de lait :
- Ricinus 30 CH : 5 granules, 3 fois/jour pdt 8 jours
- Phytolacca 4CH 5 granules 3 fois /j pdt 8 jours
* Pour diminuer la douleur liée à la montée laiteuse :
- Apis 9CH : 5 granules, 6 X/j pdt 8 jours
- Bryonia 5CH : 5 granules, 6 x/j pdt 8 jours
6] ALIMENTATION ET PHYTOTHERAPIE
* Certains aliments permettent la diminution de production de lait :
- le persil
- la menthe
- l'oseille
- le chou
- la sauge
- l’artichaut
Ces aliments peuvent être utilisés sous forme de tisane. Cependant, les liquides sont à prendre avec parcimonie même si la restriction hydrique n’est pas conseillée du fait de la nécessité pour la femme de retrouver un volume d’eau après son accouchement.
* Évitez les aliments qui augmentent la production de lait :
- les carottes
- le fenouil
- les lentilles
- les topinambours
- l'anis étoilée
7] ACUPUNCTURE
Médecine traditionnelle chinoise, cette méthode est facilement utilisable tout au long de la grossesse puisque sans effets tératogènes pour l’enfant.
Dans le cadre de l’inhibition de la lactation, peu d’études ont été menées.
Une étude suédoise a démontré que l’acupuncture permettait de diminuer les symptômes inflammatoires de la montée de lait dès le 3ème ou 4ème jour de suites de couches.
Les recommandations nationales ont été revues et l’absence de thérapie médicamenteuse dans l’inhibition de la montée de lait est préconisée. La montée de lait étant un phénomène physiologique, il est essentiel que les patientes soient informées, rassurées et accompagnées durant cette période.
Médicaments anti-allaitement (5)
EN QUELQUES MOTS
- Depuis 2014, les sociétés savantes recommandent de ne plus prescrire de médicaments pour stopper la montée laiteuse après un accouchement en raison d’un risque d’effets indésirables graves et d’un rapport bénéfices/risques jugé défavorable.
- Selon l’Agence Européenne du Médicament, les seules situations qui devraient encore justifier un tel traitement pour arrêter la lactation (dites « situations impérieuses ») sont :
- Infection maternelle par le virus HIV ;
- Perte d’un nouveau-né pendant ou après l’accouchement pour éviter un stress supplémentaire ;
- Interruption thérapeutique de grossesse.
- Cette annonce a brutalement bousculé les maternités habituées depuis longtemps à prescrire du Parlodel ou du Dostinex aux patientes ne souhaitant pas allaiter.
- Dans une société où l'inconfort et la douleur n'ont plus leur place, l'absence de moyens pharmacologiques pour inhiber la lactation donne le sentiment aux professionnels de santé et aux patientes d'être démunis.
- De plus, il faut savoir que la cabergoline (Dostinex) ne détient pas l’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’inhibition de la lactation en post-partum.
La prescription « hors AMM » est légale, mais engage la responsabilité du médecin prescripteur qui devra, s'il y a lieu, prouver avoir respecté les « données acquises de la science » et avoir eu recours à un traitement « reconnu » dans cette indication hors AMM.
Plus qu'à l'ordinaire, le médecin devra s'assurer de l'information éclairée du patient concernant les risques…
- Les pratiques concernant l’inhibition de la lactation ont donc dû évoluer et les équipes soignantes se sont tournées vers des alternatives, et vers des pratiques parfois très anciennes,
- Mais quelles sont ces ALTERNATIVES?
Nous n’avons pas d’analyse scientifique démontrant l’efficacité de ces alternatives non médicamenteuses. Cependant, ces pratiques empiriques sont souvent utilisées pour soulager la montée de lait:
- Le bandage des seins
- les poches de glace
- le cataplasme de feuille de chou
- le cataplasme à l’argile verte
- l’homeopathie :
Ricinus, Phytolacca , Apis et
- Alimentation et phytothérapie
* aliments qui diminuent la production de lait : persil, menthe, oseille, chou, sauge, artichaut
* aliments qui augmentent la production de lait : carottes, fenouil, lentilles, topinambours, anis étoilée
- L’acupuncture (peu d’études ont été menées).
(Chaque élément de cette fiche résumée a été détaillé dans les fiches précédentes)
Les recommandations internationales ont été revues et l’absence de thérapie médicamenteuse dans l’inhibition de la montée de lait est préconisée.
La montée de lait étant un phénomène physiologique, qui s’arrête spontanément une à deux semaines plus tard, il est essentiel que les patientes soient informées, rassurées et accompagnées durant cette période.